L'écho des maux

[Machinal]



Dans la profondeur de la vie,

Je voulais ressentir les choses jusqu'à la moelle, sentir l'aiguille traverser l'épiderme jusque dans mon sang.
Pour ensuite sentir cette bouffée chaleureuse, lancinante et lumineuse, me transporter dans une réalité loin du fracas métallique de la ville.

*

Il était 7h du matin, une atmosphère bleue plânait dans ma chambre. Les murs beaucoup trop blancs de ma chambre contrastait avec la quantité abusée d'objets que je ramassais et entassais dans mon atelier, une petite pièce à côté du salon où j'avais installé toute sorte de meubles de bois différents qui s'empilait les uns sur les autres, avec des clous et des breloques suspendus, couleur ternes, argentés, dorés, des souvenirs de rue, des chapelets, des très petits médaillons, des cadres à insectes, des boîtes de médicaments, des fioles, des paires de ciseaux, des pages de livres, des morceaux de plantes, tout était entreposé là, mes trésors dégotés et passés au chiffon propre, à l'alcool ou au nettoyage à sec.

" Les objets possèdent une âme, une histoire. "

Au-delà du sentiment du vide comblé par un objet matériel, l'objet concret, était pour moi comme un réconfort, une énergie qui brille là, tout proche du coeur. L'objet ne communique pas, ne se plaint pas, ne te trahi pas, il n'impose pas son avis et ne se ridiculise pas. Il est bien existant et s'offre la splendeur de tout son être.

*

Récemment, je n'allais pas très bien.
Mes nuits étaient parfois enragés, parfois tranquilles. Mais les cauchemars étaient incontrôlables, car c'est eux, qui nous contrôle. L'inconscient prend parfois le dessus. Et bouleverse l'esprit qui nie ses soucis. Des problèmes jamais réglés. Les tourments enterrés, mais toujours là. Le refoulement.
Par les crises d'insomnies, de négligence du sommeil, j'étais tout le temps fatigué au moment où je devais faire des choses, comme sortir de chez moi pour une responsabilité civile ou alors, j'annulais tous mes projets pour cause de mal de ventre ou une autre excuse inventée de toute pièce.

Pleins de choses se sont passés d'une rapidité phénoménale. Je ne contrôlais plus mes émotions, ni ce que j'étais supposé ressentir.
J'étais fatigué. Fatigué de moi-même, fatigué des autres, fatigué de tourner en rond. Personne ne nous a jamais donné de réponse sur ce qui nous paraissait juste de poursuivre ; on est largué, dès notre naissance dans un univers où les règles du jeu nous sont inconnues.

*

Je vais essayer de raconter le plus fidèlement mon récit.
C'est dans un bourdonnement d'oreille acéré, de crampes, de douleur, d'amers souvenirs et de désespoir ; que m'est venu la force de raconter les choses. En pleine redescente, la vie m'avait tendrement tabassé.

C'était un immense mélange de tracas, de liaisons nerveuses, un champ de bataille, de se retrouver seul dans son lit, à une heure si tardive alors que le lendemain, j'avais un entretien d'embauche.

La veille, se retournant dans la couette, le ventre sidéré par le stress.
Il n'y avait pas grand moyen d'évacuer cette pression, roulé en boule, énervé.
Je me suis levé du lit, j'ai glissé jusqu'à la table du salon pour prendre mon matériel, et enfumer mes poumons à bouffées volontaires de sédatif.
À vrai dire, je ne ressentais plus que les effets à mon réveil le matin, les yeux secs et fatigués, malgré l'effort de dormir un minimum de quatre heures trente.
Je me suis habillé vite fait, d'une chemise grise à rayures fines blanches, boutons de manchette, pantalon lourd brun et chaussures bouclées noires.
Pas le temps de déjeuner ou de faire quoique ce soit que je dois déjà sortir de chez moi, et me diriger vers mon nouveau lieu de travail, à moitié endormi, une boule dans le ventre.

Par je ne sais quel moyen, j'ai décroché le boulot. Mais ce n'était que le début d'un engouement dans un gouffre sans fond. Ce n'arrangeait pas mon état, déprimé, las et dépourvu de courage, épuisé par la routine, sans espoir de passion, d'amour-propre.
Ma fatigue devenait chronique et je m'effondrai violemment après chaque shift.

*
Je travaillais dans une petite épicerie.
Un combini.
Ce boulot était plutôt actif, dans le même domaine que les nightshops, on vendait des clopes aux gratteurs et de l'alcool en canette. Le matin, les habitués viennent squatter la devanture, de la matinée à l'après-midi tardive.
Mon énergie avait des pics, violent de second-souffle, d'euphorie. De temps en temps, j'avais droit à une pause quand le magasin était vide, mais mon habitude d'énorme parano maniaque s'enfermait dans les toilettes en tripotant le fond de mes poches à la recherche d'un cachet.

*

Tous les jeudis, à une à deux fois par semaine, je voyais défiler toute sortes de gens, de différentes classes sociales. Chaque jour était très chargé, de responsabilités, à courir partout dans le magasin et à entreprendre des démarches de rangement pour régler les problèmes de négligence d'entretien de l'épicerie de mes gérants préférés.

Honnêtement, je m'entendais plutôt bien avec eux, et j'espère que je n'étais pas trop dans leurs pattes. Je faisais tout pour me rendre aimable, courtois, pratique. Je notais même des phrases que je tentais de retenir pour lancer ou atterrir d'une discussion. La réalité était parfois si mouvementée et pénible, que je carburai sous amphétamines, sautant des repas et les pupilles bien trop souvent dilatées, mes sauts d'humeurs étaient aussi fréquent que le manque de substance, d'énergie ou d'amour.
J'étais avide. Ou trop vide ?
Mon coeur était périlleux, je le savais.

*

Mon cerveau fonctionnait par des fixettes sur certains éléments, des obsessions, des passions.
J'étais maladivement attentif aux détails, attiré par ce qu'il sortait de la conformité de ce que devrait représenter l'humain dit " normal ".
Dans ma recherche de ce qui diffère de la norme, je me suis engouffré dans une passion, qui causera sans doute ma perte.

*

[Machinal]



Dans la profondeur de la vie,

Je voulais ressentir les choses jusqu'à la moelle, sentir l'aiguille traverser l'épiderme jusque dans mon sang.
Pour ensuite sentir cette bouffée chaleureuse, lancinante et lumineuse, me transporter dans une réalité loin du fracas métallique de la ville.

*

Il était 7h du matin, une atmosphère bleue plânait dans ma chambre. Les murs beaucoup trop blancs de ma chambre contrastait avec la quantité abusée d'objets que je ramassais et entassais dans mon atelier, une petite pièce à côté du salon où j'avais installé toute sorte de meubles de bois différents qui s'empilait les uns sur les autres, avec des clous et des breloques suspendus, couleur ternes, argentés, dorés, des souvenirs de rue, des chapelets, des très petits médaillons, des cadres à insectes, des boîtes de médicaments, des fioles, des paires de ciseaux, des pages de livres, des morceaux de plantes, tout était entreposé là, mes trésors dégotés et passés au chiffon propre, à l'alcool ou au nettoyage à sec.

" Les objets possèdent une âme, une histoire. "

Au-delà du sentiment du vide comblé par un objet matériel, l'objet concret, était pour moi comme un réconfort, une énergie qui brille là, tout proche du coeur. L'objet ne communique pas, ne se plaint pas, ne te trahi pas, il n'impose pas son avis et ne se ridiculise pas. Il est bien existant et s'offre la splendeur de tout son être.

*

Récemment, je n'allais pas très bien.
Mes nuits étaient parfois enragés, parfois tranquilles. Mais les cauchemars étaient incontrôlables, car c'est eux, qui nous contrôle. L'inconscient prend parfois le dessus. Et bouleverse l'esprit qui nie ses soucis. Des problèmes jamais réglés. Les tourments enterrés, mais toujours là. Le refoulement.
Par les crises d'insomnies, de négligence du sommeil, j'étais tout le temps fatigué au moment où je devais faire des choses, comme sortir de chez moi pour une responsabilité civile ou alors, j'annulais tous mes projets pour cause de mal de ventre ou une autre excuse inventée de toute pièce.

Pleins de choses se sont passés d'une rapidité phénoménale. Je ne contrôlais plus mes émotions, ni ce que j'étais supposé ressentir.
J'étais fatigué. Fatigué de moi-même, fatigué des autres, fatigué de tourner en rond. Personne ne nous a jamais donné de réponse sur ce qui nous paraissait juste de poursuivre ; on est largué, dès notre naissance dans un univers où les règles du jeu nous sont inconnues.

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Je vais essayer de raconter le plus fidèlement mon récit.
C'est dans un bourdonnement d'oreille acéré, de crampes, de douleur, d'amers souvenirs et de désespoir ; que m'est venu la force de raconter les choses. En pleine redescente, la vie m'avait tendrement tabassé.

C'était un immense mélange de tracas, de liaisons nerveuses, un champ de bataille, de se retrouver seul dans son lit, à une heure si tardive alors que le lendemain, j'avais un entretien d'embauche.

La veille, se retournant dans la couette, le ventre sidéré par le stress.
Il n'y avait pas grand moyen d'évacuer cette pression, roulé en boule, énervé.
Je me suis levé du lit, j'ai glissé jusqu'à la table du salon pour prendre mon matériel, et enfumer mes poumons à bouffées volontaires de sédatif.
À vrai dire, je ne ressentais plus que les effets à mon réveil le matin, les yeux secs et fatigués, malgré l'effort de dormir un minimum de quatre heures trente.
Je me suis habillé vite fait, d'une chemise grise à rayures fines blanches, boutons de manchette, pantalon lourd brun et chaussures bouclées noires.
Pas le temps de déjeuner ou de faire quoique ce soit que je dois déjà sortir de chez moi, et me diriger vers mon nouveau lieu de travail, à moitié endormi, une boule dans le ventre.

Par je ne sais quel moyen, j'ai décroché le boulot. Mais ce n'était que le début d'un engouement dans un gouffre sans fond. Ce n'arrangeait pas mon état, déprimé, las et dépourvu de courage, épuisé par la routine, sans espoir de passion, d'amour-propre.
Ma fatigue devenait chronique et je m'effondrai violemment après chaque shift.

*

Je travaillais dans une petite épicerie.
Un combini.
Ce boulot était plutôt actif, dans le même domaine que les nightshops, on vendait des clopes aux gratteurs et de l'alcool en canette. Le matin, les habitués viennent squatter la devanture, de la matinée à l'après-midi tardive.
Mon énergie avait des pics, violent de second-souffle, d'euphorie. De temps en temps, j'avais droit à une pause quand le magasin était vide, mais mon habitude d'énorme parano maniaque s'enfermait dans les toilettes en tripotant le fond de mes poches à la recherche d'un cachet.

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Tous les jeudis, à une à deux fois par semaine, je voyais défiler toute sortes de gens, de différentes classes sociales. Chaque jour était très chargé, de responsabilités, à courir partout dans le magasin et à entreprendre des démarches de rangement pour régler les problèmes de négligence d'entretien de l'épicerie de mes gérants préférés.

Honnêtement, je m'entendais plutôt bien avec eux, et j'espère que je n'étais pas trop dans leurs pattes. Je faisais tout pour me rendre aimable, courtois, pratique. Je notais même des phrases que je tentais de retenir pour lancer ou atterrir d'une discussion. La réalité était parfois si mouvementée et pénible, que je carburai sous amphétamines, sautant des repas et les pupilles bien trop souvent dilatées, mes sauts d'humeurs étaient aussi fréquent que le manque de substance, d'énergie ou d'amour.
J'étais avide. Ou trop vide ?
Mon coeur était périlleux, je le savais.

*

Mon cerveau fonctionnait par des fixettes sur certains éléments, des obsessions, des passions.
J'étais maladivement attentif aux détails, attiré par ce qu'il sortait de la conformité de ce que devrait représenter l'humain dit " normal ".
Dans ma recherche de ce qui diffère de la norme, je me suis engouffré dans une passion, qui causera sans doute ma perte.

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