L'écho des maux

[Saison des chutes]



La lumière amène la vie, l'éveil.
La lueur se lève pour éclairer le monde.
L'ardeur du jour élève les âmes,
Réchauffe les coeurs.
Réveille les pensées, amène les idées.
Ensuite, les connaissances prennent des couleurs.
Des saveurs. Des sens.
Émane les conséquences, les questionnements.
Les concepts se fânent,
se rangent dans les tiroirs.
La poussière se pose et recouvre le reste.
La nuit tombe, les ombres se fondent.
Le chaos et l'harmonie.
Le vide Absolu.

*

Nous nous approchons de la rentrée. Les journées s'éternisaient et les soirs mourraient d'ennui.
Il était temps de retrouver un rythme.

Je suis rentré dans ce bus. En direction des Pays-Bas.
Il avait 10 minutes de retard, et voilà qu'il démarrait. De Bruxelles, j'avais 3 heures de route. Depuis la pandémie, les transports en communs sentaient l'alcool à 90°c, je m'étais assis tout devant, comme une personne digne d'une bonne éducation.
Mes études m'ont mené à ma passion pour les objets, le temps et l'existence. En cherchant pour m'inscrire à une formation, je suis tombé sur celle des études d'antiquaire. À vrai dire, je pense que cette voie pourrait me correspondre. La veille de ce weekend, je trainais dans des bars et les rues, vacillant une bouteille à la main. J'étais avec C. et nous avions passé la soirée ensemble, à fumer des joints dans son lit et à regarder un film d'horreur.
Ça faisait un petit moment que je la connaissais, c'était une personne trans, hors du commun, avec des difficultés et un sang comme le mien. J'étais à l'aise avec elle, on s'entendait bien. C, est tatoueuse. Elle travaille à mis temps dans une association pour artistes, et est plutôt appréciée de tous. Flexible, fluide, simple. Sans trop attachement à la vie, ni de considération pour sa personne.
À côté d'elle, je me sentais comme le chat noir de la société. Toujours un peu dans l'ombre, discret, pas très souriant, beaucoup trop sérieux. Mes cheveux étaient noirs et retombaient bien trop sur mes yeux. Fumant et les mains dans les poches, je cherchais la tranquilité. Me promenant de boutiques de livres de seconde main, de brocantes, aux marchés aux puces, je ne sortais pas vraiment de ma petite maison près du sentier qui mène vers la forêt.
Ce voyage fut une première pour moi.

*

Le ciel commençait à se couvrir, il allait pleuvoir. Je le savais, qu'il allait faire mauvais lors de mon séjour. Mais cela ne me déplaisait guère, de marcher et de sentir la pluie.
Ici, à Rotterdam, les poteaux de signalisation sont peints de strilles noires et blanches, les portes des maisons sont en bois sombres et de nombreux détails de l'environnement sont rehaussés de blanc. J'avais le fumant, mais je me suis dis que ça ne devais intéresser personne.

Début d'automne, les arbres sont flamboyants, chaleureux, peu importe le temps qu'il fait. La nature suit son cycle.

*

Un jardin se roses ornait autour d'un parc, au coin d'une rue ; un chat noir.
Le roserarium : splendide balade, aux herbes humides et voluptées.
Les fleurs étaient si douces et l'odeur des roses émanaient de cet espace.

*

Je suis rentré à mon hôtel. Un espace blanc aux chandeliers en cristal blanc.
Une pile de livres sur la commode, la fenêtre du dernier étage ouverte et je m'installa solitairement à la fenêtre. Je sorti de ma poche intérieure une boîte de cigare à l'étui noir en métal, et je pris une petite boîte d'allumettes. Je m'alluma une clope.

La fumée tournoyante vers le ciel, par son poids léger et pur.

*

Notes :

Garland of fruit surrounding a depiction of Cybele, 1620

Wooded Landscape / Boslandschap c.1510-1515
Gerard David

Fruit Still Life
Still Life with a dead stag

The Goldfinch, Carel Fabritius 1622-1654
" Het puttertje "
Acquisition 1896

Diana and her Nymphs, c.1653-1654
Johannes Vermeer

Corpus 1632, 2022
Stephen Vanfleteren

Flower Still Life with a Timepiece, c.1663-1665

Still Life with Wild Strawberries, 1705
Adrian Coorte

~~~

Honnêtement, se balader seul est la chose la plus honnête et gratifiante de l'existence. Ne pas dépendre de qui que ce soit, être libre et content de sa propre liberté. Sous le soleil et les feuilles qui valident au rythme des pas, l'eau reflète les rayons chaleureux et fait scintiller des étoiles de milles feux. Je flânais entre les rues acceuillantes, sous les branchages dorés et romantiques de la ville. Ce petit village qui rassemblait une richesse en terme d'art, de passion et d'amour.

~~~

" L'Élegance "
Une attitude positive et intelligente de se démontrer, dans le calme dans pour autant trop se prendre au sérieux ; dans l'infernal réalité bruyante et grisonnante de la vie.
La routine et l'habitude sont le monstre dévorant tout sentiment.
Vivre en ressentant les choses, c'est vivre heureux.
Vivre ivre, c'est vivre.
Peut-être que je me berçais d'illusions, mais qu'importe.

*
Posé devant la table, devant un papier à lettre, les mains tremblantes sur le stylo, les tâches d'encre qui coulaient me faisaient penser à tes mains maladroites, le grain du papier tamisé sous ces rideaux pourpres. La feuille était blanche crème, lisse, et le toucher caressant de la main grésillait sous le crispement de la peau ; la paume couchée sur la surface lisse du livre, lentement traçait :

" A "

Ces obsessions demeuraient silencieuses dans sa tête. Il n'avait plus conscience de ses actes.
L'atmosphère s'était obscurcie, une mèche de cheveux lui retombait sur ses yeux.
La noire tapisserie ombrageuse de la voûte céleste s'étendait jusqu'à la pointe d'une réponse certaine.

" Aidez-moi... "

~~~

Le chant d'un hibou perdu dans la brume.

Bientôt s'éternisera mon voyage.

*
Je posais tout ce que j'avais sur la table. Mes trouvailles, les objets que j'avais ramené de loin. Tous aussi étincelants d'énergie, d'existence, d'aura.
Un petit tas de livres m'attend et je viens à eux. Ainsi aimanté, attiré par tous les savoirs du monde.

*

9:45, matin.
Des souvenirs de ma vie d'avant me rattrapent. Pourtant je sais bien que le temps et les évènements ne font que s'enchaîner, il faut pourtant être capable de s'adapter à ce qui se passe. Pouvoir être flexible et disponible à n'importe quel moment.
11 mois. J'avais onzes mois à patienter, avant de le revoir. D'un côté, ma frustration était à son paroxysme. D'un autre, cela me permettrait d'être patient.
J'ai cruellement tellement envie d'être à ses côtés, de redécouvrir sa présence, de pouvoir être un peu plus important pour lui.
Ce besoin sincère d'aimer, et d'offrir. Tout. Corps et âme. Un sacrifice au Dieu d'amour.
Peut-être étais-je bien trop dévoué, trop criard, envieux. Mais je sais que c'était ma manière d'être, et d'aimer. Que j'en mourrais.

Dans cette chambre d'hôtel, les fenêtres hautes donnaient sur un panorama de la ville. L'appartement était très bien éclairé, avec des lustres aux plafonds et de la moquette au sol. La table lisse et blanche du salon, agençait l'espace de façon confortable. Sur la table de nuit, des cachets. Une bouteille d'eau et un verre à moitié vide. Je me redressai et tendait la main vers mon téléphone.

L'écran affichait 10h.

*

Hier soir, un ami m'a tendu un curieux sédatif en poudre, que j'ai analysé longuement avant de goûter. Goût amer. Coulée au fond de la gorge. Souvenirs sporadiques. Ultrason grésillonnant au fond de l'oreille.
Des moments de vie nous fait nous rendre compte de notre présence insignifiante. De passages vécus et à venir.
L'immensité du monde s'offrait à nous.
Des crampes nostalgiques, une envie de pleurer. La gorge serrée étouffant quelques sanglots misérables. Un lamento d'un chat au loin...
Ma tête tournait à cause de l'alcool. J'ai posé ma tête sur le rebord de la fenêtre.
Contemplant au loin la même horizon que toi.

Dès le matin, mon estomac se tordait de mal. Acides ravageurs. Vomissements.
On avait bu, un alcool sucré à la nectarine, et on avait beaucoup trop fumé. Un mal de crâne me tabassait, mais ma conscience était toujours là.
J'étais assis là, sur cette chaise, une clope fumante à la main, les yeux fixés dans le vide du paysage.

Midi venait de sonner.

*

Voilà que la journée s'écoulait. Le ciel se couvrant de voluptés de nuages de lait roses, bleus, mauves et oranges. Comme la fin d'une série de moments heureux, le déclin d'une histoire.
Mon voyage touchait à sa fin, je n'avais plus le fumant, mais une terrible envie de changer de vêtements, de prendre une douche et de me coucher dans mon lit. De laisser mes membres fondre dans les draps, d'être près de toi. Et bien sûr, je le savais, c'était impossible.
Les circonstances de la vie nous avaient séparés.

*

Un souvenir remontait de mes voyages et de mes retours jusqu'à " chez moi ". Monter dans un train, et descendre à une destination qui nous est nouvelle, puis au fur et à mesure, s'habituer à ce chemin, connaître chaque détail, chaque habitude.
Ne plus se rendre compte de la chance qu'on a. De ce qui nous entoure.
Je suis plutôt attentif à ce qu'il se passe autour de moi, mais lorsqu'il y a trop de choses en compte, je perds le fil, abandonne et oublie. Peut-être que je n'étais pas assez courageux à l'époque, peut-être qu'encore une fois, je me voulais la face. Ou peut-être juste que j'ignorai les choses. Le fait de ne pas savoir, fait que nous passons à côté d'une source de savoir.
Mon plus gros manque, a été de louper l'opportunité de capter plus du passé, de développer plus tôt cette compassion que l'engagement social avec les autres. Ou plutôt d'avoir eu du respect envers moi-même et d'avoir été capable d'être à la hauteur. Mon complexe d'exigences, de satisfaction, de facilité m'a fait m'engouffrer dans le tunnel sans fin de cette vie dans laquelle je me trouvais. Un chemin long, lent, solitaire.
Il n'y a pas d'échappatoire.

*

Mon retour fut fatiguant, un dur retour à la réalité du monde dans lequel coexistait mon environnement et tout ce qu'il pouvait influencer ces circonstances. Des barrières, parfois que nous-mêmes nous nous imposons, il suffisait de grimper la grille.
De faire sauter les joints, de contourner l'obstacle. Mais lorsqu'on se trouve au centre, entouré de loups et de rapaces, que faut-il faire ?
La vie est injuste, parce que le coeur à ses raisons que la raison ignore. Son instinct lui souffle de survivre, mais parfois son corps lui dit d'abandonner.
Encore une fois, il n'y a pas de bons ou de mauvais sens. Juste un chemin à parcourir, par ses propres moyens.

~~~

Lorsque j'apercevais quelque chose qui me faisait penser à toi, l'entièreté mon esprit était violemment bouleversé. Mon corps réagissait au lien affectif créé entre le souvenir et la dépendance de ta présence.

Parfois il arrive que l'attraction face aux autres se mélangent à la passion et émerge alors le désir.

*

[Saison des chutes]



La lumière amène la vie, l'éveil.
La lueur se lève pour éclairer le monde.
L'ardeur du jour élève les âmes,
Réchauffe les coeurs.
Réveille les pensées, amène les idées.
Ensuite, les connaissances prennent des couleurs.
Des saveurs. Des sens.
Émane les conséquences, les questionnements.
Les concepts se fânent,
se rangent dans les tiroirs.
La poussière se pose et recouvre le reste.
La nuit tombe, les ombres se fondent.
Le chaos et l'harmonie.
Le vide Absolu.

*

Nous nous approchons de la rentrée. Les journées s'éternisaient et les soirs mourraient d'ennui.
Il était temps de retrouver un rythme.

Je suis rentré dans ce bus. En direction des Pays-Bas.
Il avait 10 minutes de retard, et voilà qu'il démarrait. De Bruxelles, j'avais 3 heures de route. Depuis la pandémie, les transports en communs sentaient l'alcool à 90°c, je m'étais assis tout devant, comme une personne digne d'une bonne éducation.
Mes études m'ont mené à ma passion pour les objets, le temps et l'existence. En cherchant pour m'inscrire à une formation, je suis tombé sur celle des études d'antiquaire. À vrai dire, je pense que cette voie pourrait me correspondre. La veille de ce weekend, je trainais dans des bars et les rues, vacillant une bouteille à la main. J'étais avec C. et nous avions passé la soirée ensemble, à fumer des joints dans son lit et à regarder un film d'horreur.
Ça faisait un petit moment que je la connaissais, c'était une personne trans, hors du commun, avec des difficultés et un sang comme le mien. J'étais à l'aise avec elle, on s'entendait bien. C, est tatoueuse. Elle travaille à mis temps dans une association pour artistes, et est plutôt appréciée de tous. Flexible, fluide, simple. Sans trop attachement à la vie, ni de considération pour sa personne.
À côté d'elle, je me sentais comme le chat noir de la société. Toujours un peu dans l'ombre, discret, pas très souriant, beaucoup trop sérieux. Mes cheveux étaient noirs et retombaient bien trop sur mes yeux. Fumant et les mains dans les poches, je cherchais la tranquilité. Me promenant de boutiques de livres de seconde main, de brocantes, aux marchés aux puces, je ne sortais pas vraiment de ma petite maison près du sentier qui mène vers la forêt.
Ce voyage fut une première pour moi.

*

Le ciel commençait à se couvrir, il allait pleuvoir. Je le savais, qu'il allait faire mauvais lors de mon séjour. Mais cela ne me déplaisait guère, de marcher et de sentir la pluie.
Ici, à Rotterdam, les poteaux de signalisation sont peints de strilles noires et blanches, les portes des maisons sont en bois sombres et de nombreux détails de l'environnement sont rehaussés de blanc. J'avais le fumant, mais je me suis dis que ça ne devais intéresser personne.

Début d'automne, les arbres sont flamboyants, chaleureux, peu importe le temps qu'il fait. La nature suit son cycle.

*

Un jardin se roses ornait autour d'un parc, au coin d'une rue ; un chat noir.
Le roserarium : splendide balade, aux herbes humides et voluptées.
Les fleurs étaient si douces et l'odeur des roses émanaient de cet espace.

*

Je suis rentré à mon hôtel. Un espace blanc aux chandeliers en cristal blanc.
Une pile de livres sur la commode, la fenêtre du dernier étage ouverte et je m'installa solitairement à la fenêtre. Je sorti de ma poche intérieure une boîte de cigare à l'étui noir en métal, et je pris une petite boîte d'allumettes. Je m'alluma une clope.

La fumée tournoyante vers le ciel, par son poids léger et pur.

*

Notes :

Garland of fruit surrounding a depiction of Cybele, 1620

Wooded Landscape / Boslandschap c.1510-1515
Gerard David

Fruit Still Life
Still Life with a dead stag

The Goldfinch, Carel Fabritius 1622-1654
" Het puttertje "
Acquisition 1896

Diana and her Nymphs, c.1653-1654
Johannes Vermeer

Corpus 1632, 2022
Stephen Vanfleteren

Flower Still Life with a Timepiece, c.1663-1665

Still Life with Wild Strawberries, 1705
Adrian Coorte

~~~

Honnêtement, se balader seul est la chose la plus honnête et gratifiante de l'existence. Ne pas dépendre de qui que ce soit, être libre et content de sa propre liberté. Sous le soleil et les feuilles qui valident au rythme des pas, l'eau reflète les rayons chaleureux et fait scintiller des étoiles de milles feux. Je flânais entre les rues acceuillantes, sous les branchages dorés et romantiques de la ville. Ce petit village qui rassemblait une richesse en terme d'art, de passion et d'amour.

~~~

" L'Élegance "
Une attitude positive et intelligente de se démontrer, dans le calme dans pour autant trop se prendre au sérieux ; dans l'infernal réalité bruyante et grisonnante de la vie.
La routine et l'habitude sont le monstre dévorant tout sentiment.
Vivre en ressentant les choses, c'est vivre heureux.
Vivre ivre, c'est vivre.
Peut-être que je me berçais d'illusions, mais qu'importe.

*

Posé devant la table, devant un papier à lettre, les mains tremblantes sur le stylo, les tâches d'encre qui coulaient me faisaient penser à tes mains maladroites, le grain du papier tamisé sous ces rideaux pourpres. La feuille était blanche crème, lisse, et le toucher caressant de la main grésillait sous le crispement de la peau ; la paume couchée sur la surface lisse du livre, lentement traçait :

" A "

Ces obsessions demeuraient silencieuses dans sa tête. Il n'avait plus conscience de ses actes.
L'atmosphère s'était obscurcie, une mèche de cheveux lui retombait sur ses yeux.
La noire tapisserie ombrageuse de la voûte céleste s'étendait jusqu'à la pointe d'une réponse certaine.

" Aidez-moi... "

~~~

Le chant d'un hibou perdu dans la brume.

Bientôt s'éternisera mon voyage.

*
Je posais tout ce que j'avais sur la table. Mes trouvailles, les objets que j'avais ramené de loin. Tous aussi étincelants d'énergie, d'existence, d'aura.
Un petit tas de livres m'attend et je viens à eux. Ainsi aimanté, attiré par tous les savoirs du monde.

*

9:45, matin.
Des souvenirs de ma vie d'avant me rattrapent. Pourtant je sais bien que le temps et les évènements ne font que s'enchaîner, il faut pourtant être capable de s'adapter à ce qui se passe. Pouvoir être flexible et disponible à n'importe quel moment.
11 mois. J'avais onzes mois à patienter, avant de le revoir. D'un côté, ma frustration était à son paroxysme. D'un autre, cela me permettrait d'être patient.
J'ai cruellement tellement envie d'être à ses côtés, de redécouvrir sa présence, de pouvoir être un peu plus important pour lui.
Ce besoin sincère d'aimer, et d'offrir. Tout. Corps et âme. Un sacrifice au Dieu d'amour.
Peut-être étais-je bien trop dévoué, trop criard, envieux. Mais je sais que c'était ma manière d'être, et d'aimer. Que j'en mourrais.

Dans cette chambre d'hôtel, les fenêtres hautes donnaient sur un panorama de la ville. L'appartement était très bien éclairé, avec des lustres aux plafonds et de la moquette au sol. La table lisse et blanche du salon, agençait l'espace de façon confortable. Sur la table de nuit, des cachets. Une bouteille d'eau et un verre à moitié vide. Je me redressai et tendait la main vers mon téléphone.

L'écran affichait 10h.

*

Hier soir, un ami m'a tendu un curieux sédatif en poudre, que j'ai analysé longuement avant de goûter. Goût amer. Coulée au fond de la gorge. Souvenirs sporadiques. Ultrason grésillonnant au fond de l'oreille.
Des moments de vie nous fait nous rendre compte de notre présence insignifiante. De passages vécus et à venir.
L'immensité du monde s'offrait à nous.
Des crampes nostalgiques, une envie de pleurer. La gorge serrée étouffant quelques sanglots misérables. Un lamento d'un chat au loin...
Ma tête tournait à cause de l'alcool. J'ai posé ma tête sur le rebord de la fenêtre.
Contemplant au loin la même horizon que toi.

Dès le matin, mon estomac se tordait de mal. Acides ravageurs. Vomissements.
On avait bu, un alcool sucré à la nectarine, et on avait beaucoup trop fumé. Un mal de crâne me tabassait, mais ma conscience était toujours là.
J'étais assis là, sur cette chaise, une clope fumante à la main, les yeux fixés dans le vide du paysage.

Midi venait de sonner.

*

Voilà que la journée s'écoulait. Le ciel se couvrant de voluptés de nuages de lait roses, bleus, mauves et oranges. Comme la fin d'une série de moments heureux, le déclin d'une histoire.
Mon voyage touchait à sa fin, je n'avais plus le fumant, mais une terrible envie de changer de vêtements, de prendre une douche et de me coucher dans mon lit. De laisser mes membres fondre dans les draps, d'être près de toi. Et bien sûr, je le savais, c'était impossible.
Les circonstances de la vie nous avaient séparés.

*

Un souvenir remontait de mes voyages et de mes retours jusqu'à " chez moi ". Monter dans un train, et descendre à une destination qui nous est nouvelle, puis au fur et à mesure, s'habituer à ce chemin, connaître chaque détail, chaque habitude.
Ne plus se rendre compte de la chance qu'on a. De ce qui nous entoure.
Je suis plutôt attentif à ce qu'il se passe autour de moi, mais lorsqu'il y a trop de choses en compte, je perds le fil, abandonne et oublie. Peut-être que je n'étais pas assez courageux à l'époque, peut-être qu'encore une fois, je me voulais la face. Ou peut-être juste que j'ignorai les choses. Le fait de ne pas savoir, fait que nous passons à côté d'une source de savoir.
Mon plus gros manque, a été de louper l'opportunité de capter plus du passé, de développer plus tôt cette compassion que l'engagement social avec les autres. Ou plutôt d'avoir eu du respect envers moi-même et d'avoir été capable d'être à la hauteur. Mon complexe d'exigences, de satisfaction, de facilité m'a fait m'engouffrer dans le tunnel sans fin de cette vie dans laquelle je me trouvais. Un chemin long, lent, solitaire.
Il n'y a pas d'échappatoire.

*

Mon retour fut fatiguant, un dur retour à la réalité du monde dans lequel coexistait mon environnement et tout ce qu'il pouvait influencer ces circonstances. Des barrières, parfois que nous-mêmes nous nous imposons, il suffisait de grimper la grille.
De faire sauter les joints, de contourner l'obstacle. Mais lorsqu'on se trouve au centre, entouré de loups et de rapaces, que faut-il faire ?
La vie est injuste, parce que le coeur à ses raison que la raison ignore. Son instinct lui souffle de survivre, mais parfois son corps lui dit d'abandonner.
Encore une fois, il n'y a pas de bons ou de mauvais sens. Juste un chemin à parcourir, par ses propres moyens.

~~~

Lorsque j'apercevais quelque chose qui me faisait penser à toi, l'entièreté mon esprit était violemment bouleversé. Mon corps réagissait au lien affectif créé entre le souvenir et la dépendance de ta présence.

Parfois il arrive que l'attraction face aux autres se mélangent à la passion et émerge alors le désir.

*