Divine Sleep

[Divine Sleep]


Un jour de brouillard.

Sa philosophie de vie c'était qu'il pouvait mourir à tout instant.
La tragédie de sa vie, c'est qu'il ne mourrait pas.
Sa volonté de vivre le sidérait.
Il voulait détruire quelque chose de beau.

Imagine toi : toi-même au sommet le plus haut d'un immeuble que tu as toujours contemplé du sol gris sale, urbain, terreux, foulé par milliers d'êtres.

Un vrai opéra de morts.

Il a parlé d'auto-destruction.

Cette distance insomniaque, cette liberté absolue. Cette puissance divine de s'endormir à jamais. Se laisser aller, cesser de lutter.
Mais on se bat, encore et encore parce qu'on sait qu'on va mourir.
Parce que ce n'est que dans la mort qu'on a un nom.

Son cri m'a traversé.



Shirotan observa son ami Kuroge sur son lit de mort. Maigre, la peau pâle, translucides, bleutées, mauves, en complémentaires avec le ton jaune pâle de sa peau. Il semble affamé, fatigué, souffrant et à la fois plongé dans un sommeil, une plénitude extrême. Shirotan n'arrête pas de pleurer.
Croiser la mort, celle de son seul ami, de son ombre, de sa lumière.
Il n'y a plus de souffrance pour lui désormais car mourir lui permet de se libérer. De tout ce qui lui faisait mal, de tout ce qui ne le comprenait pas, de tout ce qu'il n'arrivait pas à résoudre. Il était libre désormais.

Bonne nuit doux prince,
Le reste est voué au silence.


~ † ~



De la poussière sur un grand cercueil noir.
Le ciel orageux, un vent déchirant. Poudreux. Gris.
Une boîte, du sable, un machine en feraille énorme, un bulldozer.
Des passants en noir, en chemises, les mains dans les poches.
De la fumée.
Les jardins étaient fleuris, la pelouse verte ardente et fraîche. L'odeur du calme emplissait les poumons de Shiro.
Il retira ses écouteurs, pour écouter, le silence du cimetière.
La cérémonie d'inhumation était à son image, solennelle et puissante.
Il m'arrivait pas à réaliser, à comprendre ce qu'il s'était passé. Tout était si vif, lent et rapide en même temps, cruel et injuste, la vie, la réalité en pleine face comme un poing dans l'estomac, qui lui retournait ses tripes.
Il n'avait pas de larmes. Face aux arbres, som humilité tendait vers le haut, le dos bien droit.
Kuroge était mort.
Son décès emporta avec lui ses souffrances, ses injustices, son combat.
Il ne restait que son existence parmis les souvenirs, la mémoire, les traces laissées. Tout était dès lors, plus précieux.
L'ombre qui ornait le sol, à contre-jour de la lumière semblait plus importante.
Sa présence demeurait dans le vaste infini de nos souvenirs qui s'estomperont un jour, ternis et oubliés dans nos coeurs.
Mika était là, le col blanc, cravate et veste noire. Pudique. Un mouchoir blanc dans sa poche, il avait apporté un bouquet énorme de roses et d'oeillets, de chysanthèmes et de lycoris. Un immense bouquet de bougainvilliers et une couronne de fleurs de champs avaient été placé par la suite autour de la sépulture, il y avait, un livre taillé et trois petits points sur son épitaphe.
De l'encens planté dans du riz, brûlait une odeur qui semblait lointaine, irréelle, familière comme le veut la tradition.
Vincent, était aux côtés de Mika, les yeux vides et la mine grise qui regardait l'immense machine emporter le cercueil.
Il y avait peu de monde à son enterrement. La cérémonie d'adieu fut brève, formelle.
Il n'y a pas eu de textes. Ni de lectures. Mika avait écrit une lettre qu'il déposa sur la tombe, scellée.

Le vent emporta les maux.

[Divine Sleep]


Un jour de brouillard.

Sa philosophie de vie c'était qu'il pouvait mourir à tout instant.
La tragédie de sa vie, c'est qu'il ne mourrait pas.
Sa volonté de vivre le sidérait.
Il voulait détruire quelque chose de beau.

Imagine toi : toi-même au sommet le plus haut d'un immeuble que tu as toujours contemplé du sol gris sale, urbain, terreux, foulé par milliers d'êtres.

Un vrai opéra de morts.

Il a parlé d'auto-destruction.

Cette distance insomniaque, cette liberté absolue. Cette puissance divine de s'endormir à jamais. Se laisser aller, cesser de lutter.
Mais on se bat, encore et encore parce qu'on sait qu'on va mourir.
Parce que ce n'est que dans la mort qu'on a un nom.

Son cri m'a traversé.



Shirotan observa son ami Kuroge sur son lit de mort. Maigre, la peau pâle, translucides, bleutées, mauves, en complémentaires avec le ton jaune pâle de sa peau. Il semble affamé, fatigué, souffrant et à la fois plongé dans un sommeil, une plénitude extrême. Shirotan n'arrête pas de pleurer.
Croiser la mort, celle de son seul ami, de son ombre, de sa lumière.
Il n'y a plus de souffrance pour lui désormais car mourir lui permet de se libérer. De tout ce qui lui faisait mal, de tout ce qui ne le comprenait pas, de tout ce qu'il n'arrivait pas à résoudre. Il était libre désormais.

Bonne nuit doux prince,
Le reste est voué au silence.


~ † ~



De la poussière sur un grand cercueil noir.
Le ciel orageux, un vent déchirant. Poudreux. Gris.
Une boîte, du sable, un machine en feraille énorme, un bulldozer.
Des passants en noir, en chemises, les mains dans les poches.
De la fumée.
Les jardins étaient fleuris, la pelouse verte ardente et fraîche. L'odeur du calme emplissait les poumons de Shiro.
Il retira ses écouteurs, pour écouter, le silence du cimetière.
La cérémonie d'inhumation était à son image, solennelle et puissante.
Il m'arrivait pas à réaliser, à comprendre ce qu'il s'était passé. Tout était si vif, lent et rapide en même temps, cruel et injuste, la vie, la réalité en pleine face comme un poing dans l'estomac, qui lui retournait ses tripes.
Il n'avait pas de larmes. Face aux arbres, som humilité tendait vers le haut, le dos bien droit.
Kuroge était mort.
Son décès emporta avec lui ses souffrances, ses injustices, son combat.
Il ne restait que son existence parmis les souvenirs, la mémoire, les traces laissées. Tout était dès lors, plus précieux.
L'ombre qui ornait le sol, à contre-jour de la lumière semblait plus importante.
Sa présence demeurait dans le vaste infini de nos souvenirs qui s'estomperont un jour, ternis et oubliés dans nos coeurs.
Mika était là, le col blanc, cravate et veste noire. Pudique. Un mouchoir blanc dans sa poche, il avait apporté un bouquet énorme de roses et d'oeillets, de chysanthèmes et de lycoris. Un immense bouquet de bougainvilliers et une couronne de fleurs de champs avaient été placé par la suite autour de la sépulture, il y avait, un livre taillé et trois petits points sur son épitaphe.
De l'encens planté dans du riz, brûlait une odeur qui semblait lointaine, irréelle, familière comme le veut la tradition.
Vincent, était aux côtés de Mika, les yeux vides et la mine grise qui regardait l'immense machine emporter le cercueil.
Il y avait peu de monde à son enterrement. La cérémonie d'adieu fut brève, formelle.
Il n'y a pas eu de textes. Ni de lectures. Mika avait écrit une lettre qu'il déposa sur la tombe, scellée.

Le vent emporta les maux.