Knives & Scars

Chapter 1



Le néant absolu. Noir complet.
Le vide creux, raisonnant.
Un tunnel sans lumière, sans porte de sortie, sans espoir.

Une sensation de froid, des mains me touchent. Me manipulent.
Une odeur d'alcool, clinique.
Je ne sais combien de fois ils ont planté des aiguilles sous ma peau. À chaque fois, je le sais. Ils sont là. Mais je ne peux pas les voir.
Ils sont là. Mais je ne peux que les deviner.

Qui est là ?

***


[Le quartier des chats errants]


Métropole concentrée, fumante d'industries, de constructions, d'activités humaines en pleine expansion.
Ville grise.
Différences de classes sociales, de perspectives, d'éducations. Quotidien rythmé de réseaux, d'injustices, de dépendances.
Entre les flaques et le bruit :
Voici le monde dans lequel notre histoire se déroule.

*

Le temps commençait à devenir sombre, des nuages menaçants s'avançaient sur le quartier bas, le temps allait bientôt craquer.
Dans une salle d'études, songeant derrière une vitre, un étudiant aux cheveux qui lui tombaient dans les yeux se leva, rangea ses livres, et expira doucement. Il se dirigea vers la sortie en regardant le ciel, inquiet.

Shirotan vivait dans un minuscule appartement, dans le sous sol d'une maison, à 45 minutes en train de son lieu d'études. Il lui fallait prendre le bus, pour se rendre jusqu'à la gare ou bien traverser les bas quartiers à pied. Dehors, l'odeur des voitures et de la pluie émanait déjà du quartier animé par la rue commerçante. Des magasins, des nuages de fumées, des gens habitués à l'odeur de gaz et de pisse du quartier rouge situé de l'autre côté, se rassemblaient pour fêter leur fin de journée ou manifester leur présence devant des devantures de sex-shops, de bars délabrés ou juste assis par terre.
Entre les murs dégoulinants, le sol taché, les lampions flamboyants à l'atmosphère déchue, ce quartier, aussi mal fréquenté qu'il peut sembler, à vrai dire, Shirotan s'y aventurait pour y rencontrer - son dealer. Pour être honnête, il n'était pas le genre de personne qui se défoncait de manière festive. En réalité, il ne sortait jamais vraiment longtemps, ne participait pas aux soirées ni évènements, prenait ses études de médecine au sérieux, et il concevait un idéal de vie qui le poussait à devoir se conformer sans trop dévier de la norme.
La drogue de rue était facile à se procurer. Près des écoles d'art, certains mauvais élèves influençaient les jeunes, en revendant des paquets de clopes aux mineurs, ou en traînant près des points de rencontres de soirées pour leur vendre de la dure.
Il lui arrivait souvent d'observer au loin ces types qu'on qualifierait de délinquants, aux allures de débraillées. Ces jeunes habillés en survêtements qui graffaient sur les voies, disparaissaient comme le vent. Ces camés grattant des pièces ou des clopes aux passants. Les vitrines de salons fumeurs, des salons de tatouages, des nightshops. Ces punks qui s'alignaient contre les murs en fumant et faisant du bruits avec leurs chaînes, leurs expressions bruyantes, et dont l'éclat de leurs piercings reflétait sous la lumière criante des poteaux lumineux recouverts de stickers et de flyers.
L'un d'eux, était son dealer. On l'appelait Kuro. Il ignorait si c'était son vrai nom ou pas, tout ce qu'il savait c'était qu'ils se donnaient rendez-vous, dans une ruelle, près de cet automate sous une lampe rouge qui lui donnait le vertige à chaque fois qu'il y allait.
Les sédatifs qu'il lui filait, étaient efficaces et discrets. C'est tout ce qu'il recherchait.
Il n'y avait pas de mauvaises surprises avec lui, il était réglo, et n'avait pas une allure trop bizarre comme tous ces autres vendeurs de came. Ça faisait plus d'une fois qu'il se procurait chez lui. Tous les jeudis à 21h45, il attendait sous ce réverbère à lumière rouge sang.
Il était très grand, cheveux noirs dont la mèche retombait sur son oeil gauche, des tatouages sur ses bras et au travers sa chemise mal boutonnée, un tatouage symétrique d'un motif sombre sur son torse plat. Ce genre de type était forcément accro aux vices, mais une conscience de sa situation émanait de son aura. Sa folie n'était pas aussi démente que celle de ses semblables. À vrai dire, il semblait être différent, démarqué par son intelligence. Pour une raison ou une autre, il était toujours sincère avec lui, honnête et respectueux. Une fois, ils se sont arrêtés pour fumer une cigarette ensemble en attendant un de ses clients, dans une ruelle un peu à part, il lui a raconté qu'il travaillait de temps à autres dans un salon où ils pratiquent de la bodmodification. Mais qu'il se faisait plus d'argent en vendant des médicaments, de la drogue dure, ou en vendant son corps aux hommes riches. Cette anecdote l'a surpris, car il ignorait qu'il se confierait aussi aisément à ce sujet.
Après tout, il semblait être habitué...
L'habitude, ce monstre dévorant tout sentiment.
Lorsque qu'une grosse voiture noire se gara devant eux, il s'est avancé, et est monté dedans sans dire un mot, en le regardant dans les yeux, un sourire peu préoccupé sur ses lèvres, sans tourner la tête. Une pointe de mélancolie traversa son coeur.

***

Une fois rentré chez lui, Shirotan s'assit sur son lit parfaitement repassé par ses soins ce matin, il se baissa vers la table de chevet et sorti une boîte. C'est une boîte d'anciens cigarillos en métal, extra légère, dont la marque faisait fureur quand les clopes étaient à son âge d'or. Il a ouvert la boîte d'un clic familier, et prit deux médicaments, un blanc et un jaune.
L'un était un opiacé, un dérivé de la morphine, un antalgique. L'autre un benzodiazépine, un sédatif qui lui permettait de s'endormir sans trop s'engouffrer dans ses pensées. Il déposa les deux pilules sur sa table, se leva et ferma les rideaux. Ensuite il prit une cuillère et du dos il réduit le comprimé en poudre. Ses savoirs étudiés en chimie de son cours de médecine, lui permettaient de savoir que le mélange de ces deux actifs n'étaient pas trop nocifs si il arrivait à s'arrêter à temps. Alors il sorti la carte de son campus, traça deux lignes, roula un morceau de papier crissant en tube et en se penchant sur la table, inspira les deux lignes.
Implosion mentale. Dilatation des cellules, souches nerveuses qui se fondent dans la muqueuse, des entrailles, parois sanguines. Veines mauves enracinées dans le corps. Étoiles blanches et noires. Coulée dans le fond de la gorge. Et toute la douleur s'évapora, la tête légère, le blanc des draps étaient si doux, si doux.

***

Rien n'a d'importance lorsqu'on a le contrôle.

[Knives & Scars : Chapter 1]


Le néant absolu. Noir complet.
Le vide creux, raisonnant.
Un tunnel sans lumière, sans porte de sortie, sans espoir.

Une sensation de froid, des mains me touchent. Me manipulent.
Une odeur d'alcool, clinique.
Je ne sais combien de fois ils ont planté des aiguilles sous ma peau. À chaque fois, je le sais. Ils sont là. Mais je ne peux pas les voir.
Ils sont là. Mais je ne peux que les deviner.

Qui est là ?

***
[Anonyme web chat]

- Hey ; j'aurai besoin de tes services.
- Comment t'appelles-tu ?
- Je m'appele Shiro. Et toi ?
- Appelle-moi Kuro et je serais ton ombre. Si tu m'acceptes, je ne serais bien jamais loin.
- Dans ce cas, Kuro, soyons amis.

***

[Le quartier des chats errants]

Métropole concentrée, fumante d'industries, de constructions, d'activités humaines en plein expansion.
Ville grise.
Différences de classes sociales, de perspectives, d'éducations. Quotidien rythmé de réseaux, d'injustices, de dépendances.
Entre les flaques et le bruit :
Voici le monde dans lequel notre histoire se déroule.

*

Le temps commençait à devenir sombre, des nuages menaçants s'avançaient sur le quartier bas, le temps allait bientôt craquer.
Dans une salle d'études, songeant derrière une vitre, un étudiant aux cheveux qui lui tombaient dans les yeux se leva, rangea ses livres, et expira doucement. Il se dirigea vers la sortie en regardant le ciel, inquiet.

Shirotan vivait dans un minuscule appartement, dans le sous sol d'une maison, à 45 minutes en train de son lieu d'études. Il lui fallait prendre le bus, pour se rendre jusqu'à la gare ou bien traverser les bas quartiers à pied. Dehors, l'odeur des voitures et de la pluie émanait déjà du quartier animé par la rue commerçante. Des magasins, des nuages de fumées, des gens habitués à l'odeur de gaz et de pisse du quartier rouge situé de l'autre côté, se rassemblaient pour fêter leur fin de journée ou manifester leur présence devant des devantures de sex-shops, de bars délabrés ou juste assis par terre.
Entre les murs dégoulinants, le sol taché, les lampions flamboyants à l'atmosphère déchue, ce quartier, aussi mal fréquenté qu'il peut sembler, à vrai dire, Shirotan s'y aventurait pour y rencontrer - son dealer. Pour être honnête, il n'était pas le genre de personne qui se défoncait de manière festive. En réalité, il ne sortait jamais vraiment longtemps, ne participait pas aux soirées ni évènements, prenait ses études de médecine au sérieux, et il concevait un idéal de vie qui le poussait à devoir se conformer sans trop dévier de la norme.
La drogue de rue était facile à se procurer. Près des écoles d'art, certains mauvais élèves influençaient les jeunes, en revendant des paquets de clopes aux mineurs, ou en traînant près des points de rencontres de soirées pour leur vendre de la dure.
Il lui arrivait souvent d'observer au loin ces types qu'on qualifierait de délinquants, aux allures de débraillées. Ces jeunes habillés en survêtements qui graffaient sur les voies, disparaissaient comme le vent. Ces camés grattant des pièces ou des clopes aux passants. Les vitrines de salons fumeurs, des salons de tatouages, des nightshops. Ces punks qui s'alignaient contre les murs en fumant et faisant du bruits avec leurs chaînes, leurs expressions bruyantes, et dont l'éclat de leurs piercings reflétait sous la lumière criante des poteaux lumineux recouverts de stickers et de flyers.
L'un d'eux, était son dealer. On l'appelait Kuro. Il ignorait si c'était son vrai nom ou pas, tout ce qu'il savait c'était qu'ils se donnaient rendez-vous, dans une ruelle, près de cet automate sous une lampe rouge qui lui donnait le vertige à chaque fois qu'il y allait.
Les sédatifs qu'il lui filait, étaient efficaces et discrets. C'est tout ce qu'il recherchait.
Il n'y avait pas de mauvaises surprises avec lui, il était réglo, et n'avait pas une allure trop bizarre comme tous ces autres vendeurs de came. Ça faisait plus d'une fois qu'il se procurait chez lui. Tous les jeudis à 21h45, il attendait sous ce réverbère à lumière rouge sang.
Il était très grand, cheveux noirs dont la mèche retombait sur son oeil gauche, des tatouages sur ses bras et au travers sa chemise mal boutonnée, un tatouage symétrique d'un motif sombre sur son torse plat. Ce genre de type était forcément accro aux vices, mais une conscience de sa situation émanait de son aura. Sa folie n'était pas aussi démente que celle de ses semblables. À vrai dire, il semblait être différent, démarqué par son intelligence. Pour une raison ou une autre, il était toujours sincère avec lui, honnête et respectueux. Une fois, ils se sont arrêtés pour fumer une cigarette ensemble en attendant un de ses clients, dans une ruelle un peu à part, il lui a raconté qu'il travaillait de temps à autres dans un salon où ils pratiquent de la bodmodification. Mais qu'il se faisait plus d'argent en vendant des médicaments, de la drogue dure, ou en vendant son corps aux hommes riches. Cette anecdote l'a surpris, car il ignorait qu'il se confierait aussi aisément à ce sujet.
Après tout, il semblait être habitué...
L'habitude, ce monstre dévorant tout sentiment.
Lorsque qu'une grosse voiture noire se gara devant eux, il s'est avancé, et est monté dedans sans dire un mot, en le regardant dans les yeux, un sourire peu préoccupé sur ses lèvres, sans tourner la tête. Une pointe de mélancolie traversa son coeur.

***

Une fois rentré chez lui, Shirotan s'assit sur son lit parfaitement repassé par ses soins ce matin, il se baissa vers la table de chevet et sorti une boîte. C'est une boîte d'anciens cigarillos en métal, extra légère, dont la marque faisait fureur quand les clopes étaient à son âge d'or. Il a ouvert la boîte d'un clic familier, et prit deux médicaments, un blanc et un jaune.
L'un était un opiacé, un dérivé de la morphine, un antalgique. L'autre un benzodiazépine, un sédatif qui lui permettait de s'endormir sans trop s'engouffrer dans ses pensées. Il déposa les deux pilules sur sa table, se leva et ferma les rideaux. Ensuite il prit une cuillère et du dos il réduit le comprimé en poudre. Ses savoirs étudiés en chimie de son cours de médecine, lui permettaient de savoir que le mélange de ces deux actifs n'étaient pas trop nocifs si il arrivait à s'arrêter à temps. Alors il sorti la carte de son campus, traça deux lignes, roula un morceau de papier crissant en tube et en se penchant sur la table, inspira les deux lignes.
Implosion mentale. Dilatation des cellules, souches nerveuses qui se fondent dans la muqueuse, des entrailles, parois sanguines. Veines mauves enracinées dans le corps. Étoiles blanches et noires. Coulée dans le fond de la gorge. Et toute la douleur s'évapora, la tête légère, le blanc des draps étaient si doux, si doux.

***

Rien n'a d'importance lorsqu'on a le contrôle.

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